[Special Guest #10] Nicolas Merlaud, fondateur de Teale

✍🏻Propos recueillis par Claire CAMINATI-FARBER, Responsable Communication Startup Palace

Si vous suivez de près les sujets autour de la santé mentale, vous connaissez forcément Teale. Mais si, réfléchissez bien. Ça y est, ça vous revient ? Je reçois aujourd’hui sur le blog Nicolas Merlaud, cofondateur de la startup Teale.

🎙Hello Nicolas, merci d’avoir accepté de prendre la parole sur le blog de Startup Palace. On se connait d’avant teale à l’époque où tu t’occupais de Crop the block / idiot agency. Tu nous en dis plus sur ton parcours ?

Hello Claire. Écoute en sortant de l’Essec je suis tombé dans l’entrepreneuriat par hasard, mais j’ai adoré. Depuis gamin, j’ai toujours aimé faire des films avec mes Playmobil. Dans ma 1e boîte, j’ai pu faire de ma passion un métier, en produisant beaucoup de contenus dans beaucoup de pays avec beaucoup de gens très talentueux. 

L’aventure a pris fin de manière abrupte au bout de 7 ans suite à un drame personnel dans la vie de mon associé. C’était un premier pas indirect pour moi dans la thème de la santé mentale. J’ai rejoint 360Learning où j’ai beaucoup appris pendant 2 ans mais l’idée de créer à nouveau me manquait. Alors quand Julia mon amie de l’ESSEC m’a proposé de réfléchir à remonter quelque chose ensemble, je n’ai pas hésité une seconde. 

Je retrouve le même plaisir à faire un film ou à monter une boîte. Avoir une idée en tête, la rendre concrète et la confronter aux gens pour susciter de l’émotion me procure beaucoup de plaisir. 

🎙Tu as donc lancé Teale en début d’année : c’est quoi au juste Teale ?

Tout à fait. On a bossé sur le projet depuis début 2020 et on a quitté nos boulots pour se lancer officiellement début 2021. 

Teale c’est une plateforme holistique de santé mentale. On aide les collaborateurs d’une entreprise à prendre soin de leur bien être mental au quotidien, et on aide les entreprises à apporter une réponse efficace à ce sujet aussi complexe que passionnant. 

🎙Vous vous adressez à qui ?

Aux équipes RH et dirigeantes des entreprises. C’est eux qui sont nos acheteurs. Mais notre cible finale ce sont les collaborateurs, les gens comme toi et moi. Nous sommes une marque B2B2C. 

🎙Pourquoi être passé de la vidéo corporate de startups à la santé mentale ?

Avec la fin de CROP THE BLOCK, je me suis rendu compte de mon incapacité d’aider mon associé de l’époque face à sa detresse. J’étais complètement désarmé, incapable de l’aider à y voir plus clair. Je m’en suis beaucoup voulu. 

Je me suis rendu compte que je n’avais jamais appris comment le cerveau de mes proches fonctionnait. Que ce sujet de la santé mentale était très tabou. Autant avec la santé physique on sait ce que c’est, et sont ancrés en nous des automatismes. On sait qu’on ne doit pas manger des frites à chaque repas. On sait qu’on doit se laver les dents pour ne pas avoir de carie. 

Mais comment faire pour prendre soin de sa santé mentale au quotidien ? De celle de ses proches ? 

Quand moi-même j’ai expérimenté des moments de doute, je n’étais pas plus armé. Et mon amie Julia était toujours de très bon conseils. Suite à un drame personnel, Julia avait de son côté découvert et étudié en détail les TCC (thérapies cognitives et comportementales). Elle avait toujours le bon conseil, le bon outil, le bon framework. Ces outils lui ont fait beaucoup de bien, et l’idée est partie de là : rendre ces outils disponibles et accessibles au plus grand nombre.

🎙Teale en 4 chiffres clés ça donne quoi ?

En quelques mois, 2 millions d’euros levés en début d’année ; plus d’une trentaine de clients ; 40% d’engagement de notre app auprès des collaborateurs de nos clients ; et plus de 280 vidéos et outils dans l’application.

🎙 J’ai cru voir sur LinkedIn que vous aviez sorti une sorte de série documentaire sur la santé mentale où vous faites intervenir de jeunes entrepreneurs (notamment Guillaume Moubèche, que j’ai eu la chance d’interviewer ICI sur le blog). Tu peux nous en dire plus ?

Notre mission avec teale c’est de faire en sorte que chacun prenne soin de sa santé mentale au quotidien. Mais ce réflexe est nouveau, et il passe par un vrai effort d’évangélisation : la santé mentale, ce n’est pas que la maladie, et même les personnes que l’on voit briller dans les médias ont des moments de doute. 

C’est ce qu’on fait avec Untold. Une fois par mois, une personnalité (de la tech, mais pas que ;)) partage avec nous sans taboo un moment de vulnérabilité. Guillaume de lemlist, mais aussi Jean de Kima, Anh Tho de lago / Qonto, Loïc de Swile, Camille de Welcome, et beaucoup d’autres surprises. J’ai hâte de partager ces épisodes, tous différents mais qui j’espère résonneront.

🎙 Du haut de ta petite trentaine, tu  déjà plusieurs entreprises à ton actif : tu es tombé dans la marmite de l’entrepreneuriat jeune donc. C’est un “family business” ou un pur hasard ?

Pur hasard. Pour ma première boîte, je devais présenter un business plan à mon cours d’entrepreneuriat à l’ESSEC, je n’avais rien préparé, mon ami Adrien en avait fait un à HEC, je l’ai traduit, présenté, et gagné le concours. On est ensuite devenu associés. Et une fois qu’on goute à la liberté d’entreprendre….

🎙Vous avez levé 2 millions d’euros en début d’année, au moment de votre lancement si je ne m’abuse. Auprès de qui et pourquoi ?

Oui au lancement, on ne s’attendait pas à lever si rapidement, mais cela nous permet d’avoir les moyens de nos ambitions. Nous avons levé auprès de ISAI, Kima, Evolem, et de business angels, comme les fondateurs de Tiller, eFounders, Meero, Voyage Privé, etc.

🎙 Lever des fonds, galère ou ça passe en vrai ? Tu as des best practices à partager avec un.e entrepreneur.e qui aurait ce projet mais ne saurait pas par où commencer ni qui contacter ?

On a eu beaucoup de chance. Je pense que la combinaison thématique (santé mentale), format (B2B) et équipe (4 associés expérimentés) nous a beaucoup aidés. Mes conseils sont donc à prendre avec des pincettes.

Le premier conseil, c’est de bien bosser son deck. Il y a des cases à cocher, et cela doit être un vrai travail de fond de plusieurs mois. On ne travaille pas pour le deck, on travaille pour tester la faisabilité de l’idée, mais le deck doit présenter une version complète et structurée des apprentissages.

Le second conseil, c’est de commencer à confronter son pitch (et son deck) à ses anciens patrons / mentors. Pour moi, c’était avec mes anciens clients. Je pense notamment aux cofondateurs de tiller, de voyage privé. Ils font leurs retours, ils aiment bien, ils en parlent à leurs amis. 

Se créée alors une sorte d’émulation, qui peut monter aussi vite qu’elle peut retomber. C’est un moment stressant, et pour ne pas se perdre dans la course, nous avons décidé de poser une date limite. Ensuite, nous avons la chance d’être 4 associés fondateurs. L’un d’entre nous, Geoffroy, faisait les premiers calls de 15min pour voir si la demande de rencontre pouvait aboutir à une prise de position. S’il y avait un fit, nous pitchions à 4. Notre priorité c’était d’avancer dans l’opérationnel, pas de lever des fonds, nous ne voulions pas perdre trop de temps.

🎙 J’imagine qu’aujourd’hui vous comptez surtout des clients français. L’international, un objectif sur le long terme pour teale ?

Tout à fait, mais nos clients français ont des collaborateurs à l’étranger. Nous lançons donc une version anglaise de notre application début 2022. 

Comme tout est prêt, et que 2 de mes associés ont géré l’internationalisation de Kapten en Europe, nous avons la volonté de nous y déployer rapidement.

🎙 Vous êtes combien dans l’équipe aujourd’hui ? Vous recrutez ? Si oui quels profils ?

Nous sommes 11, 17 si on remplit nos objectifs people pour fin 2021. Nous recrutons en tech, en sales, en marketing.

🎙C’est quoi les qualités principales qu’il faut absolument avoir pour rejoindre teale ? Une gniak d’enfer ou de solides études ?

C’est une bonne question. On essaie de ne pas recruter des personnes qui nous ressemblent trop, même si c’est dur de se débarrasser de ces biais.

Nous cherchons des gens passionés par le space, des gens prêts à se retrousser les manches (nous avons besoin de doers). Nous cherchons des gens structurés et humbles.

🎙Un conseil que tu aurais rêvé qu’on te donne quand tu as monté ta première boîte ?

Il existe des bonnes pratiques en sales et en marketing, dont tu peux t’inspirer. J’ai tout découvert sur le tard lors de mon passage chez 360Learning. Si je les avais connues plus tôt, nous nous serions mieux organisés avec mon premier associé.

🎙Que retiens-tu de l’aventure Crop the block ?

7 ans de vrai bonheur. C’était très dur d’arrêter. Je retiens une amitié toujours très forte, des liens avec des clients qui me suivent toujours aujourd’hui, des freelances et stagiaires avec qui je travaille toujours. Je retiens aussi des tournages en hélico au dessus de Manhattan 🙂

🎙Un regret en particulier ? Quelque chose que tu ferais différemment si tu avais le choix ?

Pas vraiment. Je sais qu’on aurait pu par exemple mieux se répartir les scopes avec mon associé. On faisait tout en doublon. Mais je pense qu’on referait la même chose. On était heureux avec ce modèle plus familial.

🎙Passons à la partie un peu moins formelle : un livre qui t’inspire au quotidien dans la gestion de Teale ?

J’ai beaucoup aimé le livre Radical Candor. Il est certes très américain, mais j’ai beaucoup aimé ces frameworks qui t’aident à devenir un bon manager.

🎙Le pire conseil que l’on t’ait donné ?

« Reste professionnel au boulot et ne montre pas à tes équipes ce que tu ressens et qui tu es vraiment. »

🎙Ta meilleure astuce de productivité ?

Trello. Je suis un grand fan du travail en asynchrone, et je deteste bosser sur slack. J’ai besoin de mon temps de concentration sans interruption.

🎙L’outil ou appli dont tu ne pourrais plus te passer aujourd’hui et pourquoi ?

Trello. Je sais que notion est sûrement meilleur et plus joli, mais j’ai trop d’habitudes.

🎙Ton dernier  tweet, c’était au sujet de quoi ?

Aucune idée, je suis pas super actif. Sûrement une nouvelle série ou un film dirigé ou écrit par Phoebe Waller Bridge.

🎙Plutôt LinkedIn ou Twitter ?

Linkedin 100%. Avec le bon contenu on peut vraiment avoir de bons résultats business avec LinkedIn. Twitter aussi peut-être mais je connais moins.

🎙Tiktok ou Instagram ?

Instagram pour poster quelques jolies photos de temps en temps.

🎙Une chanson honteuse que tu adoooooores écouter ?

Zazie, gros fan, n’importe quel titre 🙂

🎙Enfin, quel est le prochain Special Guest que l’on devrait recevoir ici sur le blog et pourquoi ?

Adrien Degouve tiens, mon premier associé, maintenant VC chez Citizen Capital. Parce qu’il est brillant.

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