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Startup studio : démystifier un modèle qui gagne à être connu

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Article rédigé par Laodis Menard, CEO, Startup studio Pareto

Parfois appelés “venture studio”, les startups studios ont fleuri au cours des dernières années, mais souffrent d’une méconnaissance tant auprès du grand public qu’au sein de l’écosystème entrepreneurial. Pourtant, certains démontrent d’excellents succès : nous pouvons citer Snowflake, qui faisait il y a quelques semaines la plus grosse IPO de l’histoire après être passée par un startup studio Américain ; Zalando, construite par le startup studio Allemand Rocket Internet ; ou encore Aircall, issue des Français de chez eFounders

Même si chaque startup studio a un modèle différent des autres, je vais tâcher d’illustrer leur philosophie, leurs forces et de répondre aux questions que l’on se pose le plus en toute franchise. 

Comment ça marche ?

Un startup studio se définit par une structure qui fournit un “accompagnement actif à une startup pendant au moins 6 mois”. La définition est large, et beaucoup se sont engouffrés dans des approximations pour proposer des modèles d’accompagnement parfois malhonnêtes aux entrepreneurs, allant jusqu’à les faire payer !

Pour faire simple, nous considérons qu’un startup studio endosse les rôles de co-fondateur et de primo investisseur dans une startup. Sauf que dans ce cas, le co-fondateur est une équipe pluridisciplinaire avec un réseau et du cash pour avancer. 

Un startup studio dispose d’une équipe avec des experts de chaque domaine qui sont au service des startups. Il développe des idées, les teste, et quand l’une d’elles est particulièrement prometteuse, il sonde le marché à la recherche du fondateur idéal pour la porter jusqu’au succès. 

Nous considérons que l’idée ne vaut rien avant d’avoir été confrontée au marché : qu’elle soit amenée par l’entrepreneur ou le studio, c’est ensemble qu’ils s’assureront qu’elle rencontrera son succès, grâce à l’exécution. Néanmoins, un studio doit être une usine à idées, pour maximiser la probabilité de tomber sur un projet qui fonctionne. Son défi principal n’est pas de trouver de bonnes idées, ou de bons entrepreneurs, mais de matcher la meilleure idée au meilleur entrepreneur pour la construire

Le studio doit par conséquent rayonner auprès des talents, qu’ils soient potentiels co-fondateurs ou premiers employés des pépites en cours de création. Identifier et recruter les profils clés est au moins aussi important que d’identifier des projets prometteurs. 

Lorsque l’entrepreneur rejoint le studio, le capital est partagé entre le startup studio et l’équipe entrepreneuriale. En général, le studio dissocie le capital qu’il possède pour son apport opérationnel (au même niveau qu’un co-fondateur), et celui pour son investissement financier (au même niveau qu’un investisseur lors du premier tour de table).

Le studio prend tous les frais de la startup en charge durant la période de collaboration avec l’entrepreneur, qui peut durer de 6 à 18 mois selon les structures. Ceci épargne à l’entrepreneur l’effort de devoir lever un premier tour de table, exercice long et fastidieux, dans le cas où le projet requiert une période de développement avant la monétisation. Mais il permet aussi, dans les cas où le projet serait rapidement lucratif, de s’épargner des décisions court-termistes pour maximiser le cash et d’accélérer nettement le déploiement de son produit. 

Une fois que la startup est suffisamment mature pour voler de ses propres ailes, il est temps pour elle de quitter le studio : soit en devenant financièrement indépendante (par ses propres ventes ou grâce à un tour de table), soit via une revente. 

En résumé, les étapes d’une collaboration avec un studio comme Pareto sont les suivantes :

  • Idéation & market research
  • Identification du/des meilleurs entrepreneurs pour mener le projet
  • Validation du product/market fit par l’itération 
  • Accélération et accompagnement de l’équipe jusqu’à l’exit

Pourquoi un studio ?

Par son agilité et ses ressources, le studio démontre des forces qu’un entrepreneur ne pourra trouver nulle part ailleurs :

  • Alignement des intérêts : le studio ne possède qu’une partie du capital de la startup, et ne se rémunère qu’en cas de succès (vente ou tour de table). Il est par conséquent obsédé par la réussite du projet, comme n’importe quel associé
  • Flexibilité : l’entrepreneur a accès aux ressources dont il a besoin, au moment où il en a besoin
  • Vélocité : la startup dispose du cash et de la force de frappe opérationnelle nécessaires pour maximiser sa rapidité d’exécution.

Par le capital dont le studio dispose, et seulement lorsque c’est indispensable, la structure choisit parfois de rémunérer ses fondateurs pour qu’ils ne s’inquiètent pas de payer leur loyer à la fin du mois. L’entrepreneur peut se dédier à 100% à son projet. Néanmoins, ceci ne doit pas être la raison principale d’y rentrer. Nous cherchons des entrepreneurs ambitieux et confortables avec le risque, convaincus par leur mission. De manière générale, nous considérons que si un entrepreneur est obsédé par son niveau de rémunération, il n’est pas la bonne personne pour le projet, car il cherche du confort plutôt que de la réussite.

Contrairement à un incubateur et un accélérateur, qui ont besoin de grandes quantités de startups pour rentrer dans leurs frais au vu du faible capital, un startup studio construit peu de startups, pour pouvoir maximiser les chances de chacune. La plupart des studios construisent entre 1 et 4 startups par an. Le coût d’un échec, en ressources et en temps investis, est bien trop important pour dépasser ses capacités opérationnelles et financières.

Uniquement pour les primo-entrepreneurs ? 

Cette idée reçue est aussi fausse que persistante. Cette hypothèse présuppose qu’une personne qui a déjà entrepris est devenue experte dans tous les domaines, et n’a pas besoin d’aide pour construire son projet.

En fait, c’est souvent l’inverse. Quelqu’un qui a déjà entrepris connaît parfaitement ses forces et ses faiblesses. Il est plus facile de comprendre ses angles morts, le meilleur moyen de l’aider sans le freiner, et de bien cerner les personnes à recruter pour l’accompagner. Avec un studio, un entrepreneur expérimenté pourra décupler ses forces et tirer au maximum profit des ressources à sa disposition.

Et en cas d’échec ? 

Le startup studio ne fait pas exception à un partenariat classique avec des associés. Il faut travailler en bonne intelligence, faire des concessions, et garder le cap sur ce qui compte : la réussite du projet. Il arrive ainsi que des projets ne fonctionnent pas, ou que le partenariat ne colle pas. Dans ces cas, nous trouvons ensemble la solution la plus adaptée pour se séparer en bons termes et maintenir le projet en vie si celui-ci reste prometteur. 

Pour tous les projets ? 

Il existe différents types de startup studios, avec des missions et des spécialités spécifiques. Chacun de ces modèles a ses forces et ses faiblesses. Chez Pareto, par exemple, nous avons choisi d’être plutôt généralistes, ce qui nous autorise une grande agilité, et notamment en période de crise comme nous vivons actuellement. D’autres studios sont extrêmement ciblés sur une mission, des verticales ou encore des business modèles. Quelques exemples :

  • eFounders veut construire « le futur du travail ». La grande majorité de leur projets sont des B2B SaaS, même s’ils élargissent aujourd’hui leur scope,
  • Imagination machine, studio nantais, crée des startups à fort impact social ou environnemental,
  • TechnoFounders se passionne pour la deeptech et les sujets d’une grande complexité,
  • Bricks, fondé par l’équipe originale du Groupe Cerise (revendue en 2016) est un studio spécialisé dans les projets qui ont trait aux médias.

Pour conclure

En résumé, le modèle studio gagne à être connu : il plonge les bons entrepreneurs dans un contexte sans frictions, en leur apportant ressources financières et opérationnelles et en leur épargnant le maximum d’erreurs et de diversions jusqu’à leur pleine autonomie. 

Il n’est d’ailleurs pas intéressant que pour les entrepreneurs. D’un point de vue investisseurs, croire dans un startup studio signifie placer directement son argent dans une structure opérationnelle sans intermédiaires, capable d’optimiser ses ressources entre plusieurs startups et de limiter la casse sur les imprévus, ce qui en fait une diversification du risque by design. Ni une startup seule, ni les formats d’accompagnements plus traditionnels (incubateurs, accélérateurs), ne peuvent aussi finement optimiser leurs ressources. D’après-nous, ce modèle sera un choix de plus en plus prisé par les investisseurs privés au cours des prochaines années.  

Vous pouvez trouver une liste plus exhaustive des startup studios sur ce mapping de Start the F up.

Si vous avez des questions ou que vous souhaitez entreprendre, n’hésitez pas à rentrer en contact : laodis@paretostudio.co, ou à vous abonner à notre newsletter Beat the odds, qui traite chaque semaine de sujets pertinents pour les entrepreneurs.

[À propos du startup studio Pareto]

Depuis 7 ans, le startup studio Pareto a créé une dizaine de projets, dont 6 ont continué à l’extérieur du studio ou été revendus. Aujourd’hui, 4 projets sont en phase d’accélération:

  • La Moisson, qui forme gratuitement les femmes à renégocier leur salaire, avec un paiement au succès
  • DealCab, qui permet aux actionnaires / employés de startups de revendre leurs actions & BSPCEs entre les tours de table
  • Trackpay, dont la mission est d’éliminer le fardeau de la facturation et de la relance
  • Dibster, qui récupère des indemnités aériennes et ferroviaires rétroactivement (jusqu’à 4 ans pré-covid) pour des sociétés, qui ignorent quasi-systématiquement pouvoir en bénéficier. Paiement au succès.

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