[Special Guest #8] Grace Mehrabe, co-fondatrice et CEO de Outmind

✍🏻 Interview réalisée par Claire Caminati, Responsable Communication Startup Palace

Le 4 novembre dernier, nous organisions avec estimeo, la première édition de nos Cafés Croissants, nouveau RDV mensuel lors duquel nous recevons un entrepreneur (la crème de la crème) pour partager son parcours et ses galères. Et pour cette première édition, nous avons eu l’honneur de recevoir Grace Mehrabe, cofondatrice et CEO de la startup Outmind.

Parce qu’on n’allait quand même pas laisser Grace partir comme ça, je l’ai prise un peu en otage pour avoir une interview d’elle ici. C’est donc mon cadeau (de noël avant l’heure) pour vous ! 🎁

🔎 Hello Grace, tu nous en dis plus sur ton parcours ?

Hello Claire ! J’ai 26 ans, je vis à Paris, et je suis la co-fondatrice et CEO d’Outmind, un moteur de recherche interne pour les collaborateurs. Le futur Google des employés !

🔎 Pourquoi avoir créé Outmind ?

J’ai constaté, peu après avoir monté ma première boîte (Lemon Learning, qui aide les collaborateurs de grands groupes à prendre en main leurs outils internes) que le nombre d’outils utilisés allait crescendo (10 outils différents par collaborateur en moyenne), et qu’il est de plus en plus difficile de réutiliser et d’exploiter la connaissance éparpillée dans ces différentes solutions. Et avec le turnover, le recrutement, les problèmes d’accès… l’efficacité opérationnelle des équipes en prend un vrai coup.

🔎 Et c’est quoi au juste Outmind ?

C’est un moteur de recherche intelligent, qui centralise la connaissance interne, et permet 3 choses :

mieux la retrouver, en comprenant les requêtes en langage naturel,
mieux l’organiser, grâce à une classification manuelle ou automatique,
retrouver les meilleurs contributeurs / experts par sujet lorsque ce l’on recherche ne nous est pas partagé.

🔎 Qui utilise votre solution ?

Au bout de 2 ans, déjà plus de 80 entreprises de toutes tailles : de la PME de 10 salariés à des grands groupes comme la MACIF ou le Crédit Agricole.

🔎 Avez-vous déjà levé des fonds ? Si oui combien auprès de qui ?

Nous avons fait un 1er tour en pleine pandémie l’année dernière, à hauteur de 500 000€, principalement auprès de business angels qui sont pour la plupart d’anciens entrepreneurs, ainsi que de deux fonds de pre-seed/seed (Sharpstone Advisory et MSM).

🔎 En parlant de levée de fonds, comment as-tu choisi tes investisseurs ? Comment on s’y prend en fait quand on est une jeune entrepreneure et qu’on doit aller convaincre des investisseurs du potentiel de sa boite ?

Pour un investisseur, la 1ère levée c’est surtout un pari sur l’entrepreneur et son concept : tu as quelques signaux de croissance, et tu essaies d’en déduire le potentiel futur. Faire un business plan optimiste n’est pas le plus compliqué, ce qui l’est c’est plutôt de convaincre sur la façon d’en arriver là, et de persuader que nous sommes les bonnes personnes pour le faire. Je pense qu’à ce stade, nos investisseurs ont surtout parié en nous en tant qu’équipe.

Et en ce qui concerne le choix notre côté, les deux critères essentiels sont le “fit” et l’identification de ce que ces nouveaux associés peuvent nous apporter, au-delà de l’aspect financier : nos investisseurs ont vraiment été à nos côtés ces derniers mois, ils nous ont ouvert des portes, aidé techniquement, et apporté des conseils précieux à certains moments de l’aventure. C’est tout cela que nous sommes allés chercher.

🔎 Combien êtes-vous dans l’équipe ? Recrutez-vous ? Si oui quels profils ?

Nous sommes une quinzaine aujourd’hui, et oui, on recrute ! Sur de nombreux postes, et notamment au sein de notre pôle tech (développeurs backend ou fullstack) et en sales (account executive).

🔎 Comment on fait quand on a zéro background tech pour lancer une boîte tech qui cartonne ?

Je dirais : a minima, on s’intéresse à la façon dont ça fonctionne, pour réussir à prendre les bonnes décisions ! Pour ma part, j’ai suivi une formation dédiée au développement web, au Wagon, en 9 semaines. C’est court mais intense, et surtout cela m’a permis de mieux comprendre les mécaniques du code. Je savais que je ne développerais pas Outmind de mes mains, car cela demandait des compétences bien plus pointues. Heureusement, mon associé et CTO, Arthur Caillaud, a pu prendre le relais !

🔎 Lancer sa boîte pendant ses études : une astuce, un truc que tu ferais différemment ?

Je laisserais sans doute plus de place pour le perso. J’avais un rythme assez infernal. Ça m’allait à ce moment là, parce que j’avais fait ce choix de priorité : je voulais à la fois très bien réussir mes études et la boîte, et le reste était devenu secondaire. À 20 ans et des poussières, ce n’était pas vraiment la priorité des gens de mon âge. Avec le recul, c’est probablement ce que je ferais un peu différemment, parce qu’il est important de ne pas se définir seulement par ce que l’on fait professionnellement – même si clairement, quand on entreprend, cela prend une place énorme.

🔎 Femme entrepreneure et femme entrepreneure dans la tech : est-ce que le fait d’être une femme t’a bloqué d’une manière ou d’une autre quand tu t’es lancée dans l’entrepreneuriat ? Une anecdote en particulier à partager à ce propos ?

Soyons honnêtes : sur certains aspects, il faut reconnaître que c’est presque devenu un avantage. Par exemple en termes de communication : on met de plus en plus en avant les femmes qui entreprennent. Mais au quotidien, c’est un peu moins simple. Dans mon cas, les interlocuteurs que je rencontre chez nos clients sont souvent des DSI hommes, généralement un peu âgés – en tout et pour tout, j’ai rencontré 3 femmes DSI ces 3 dernières années, sur des centaines de rencontres. Heureusement, les mauvaises expériences restent rares (ex : la personne qui adresse systématiquement la parole à mon acolyte masculin sur un rendez-vous, ou le dirigeant qui lance un “bon courage pour votre petit projet” après 30 minutes de conversation – et plus 6 mois d’existence de la structure…). Ce qui revient beaucoup, c’est surtout le sentiment de devoir faire beaucoup plus d’efforts qu’un homme pour être crédible.

J’ai eu la chance d’intégrer récemment la dernière promotion de SISTA, dont le combat est justement de ré-équilibrer les chances de succès entre les entrepreneurs femmes et hommes, notamment en termes de financement : ce type d’initiatives sont vraiment à encourager.

🔎 Passons aux questions plus perso : quel est ton livre de chevet du moment ?

J’en ai deux en ce moment : je viens de commencer un livre sur la thématique de l’assimilation et de son histoire, (“Le rêve de l’assimilation” de Raphaël Doan), que l’on m’a recommandé. Et je suis aussi en cours de lecture de « Montrez-leur qui vous êtes » d’Amy Cuddy, chercheuse en psychologie à Harvard, qui explique comment la gestion de sa posture peut impacter la communication, l’influence, et la confiance en soi en général.

🔎 Ton dernier post LinkedIn ?

Celui où je partage que l’on a atteint les 50 millions de documents indexés chez nos clients ! C’est une superbe marque de confiance, on en est très fiers.

🔎 Une appli dont tu es complètement accro ?

J’ai un réflexe Instagram dont je n’arrive pas à me défaire, mais cela me permet de suivre la vie de mes proches, donc ça a quand même du bon !

🔎 Une astuce de productivité à partager ?

Le fait de cranter mes tâches les plus importantes dans l’agenda, pour les bloquer dans le temps : sinon, le risque qu’une tâche passe à la trappe dans le lot des rendez-vous et des sollicitations de la journée est beaucoup trop fort !

🔎 (Ma question préférée 😈) : quelle est ta chanson honteuse que tu adoooores écouter (même en écoute privée sur Spotify) ?

Je ne sais pas si c’est honteux, mais en ce moment, je réécoute beaucoup SuperTrooper d’Abba. Et je peux enchaîner avec un “En bande organisée” sans transition. Et pourtant je déteste Jul, allez comprendre…

🔎 Enfin, quel est selon toi le prochain entrepreneur qui devrait avoir son portrait Special Guest sur le blog de Startup Palace ?

Il y en aurait tellement ! Mais je serais curieuse de lire Aude Guéneau de Plume, que je trouve géniale.