[Special guest #16] Philippine Dolbeau (NewSchool, Inskip)

✍🏻Propos recueillis par Claire CAMINATI FARBER, Responsable Communication Startup Palace

Pas peu fière de recevoir aujourd’hui sur le blog Philippine Dolbeau, que j’ai eu l’occasion de suivre dès ses premiers pas dans l’entrepreneuriat. Un parcours pas commun qui l’a amenée aujourd’hui à gérer la communication d’Inskip. Philippine nous dit tout !

🎙Avant de parler d’INSKIP Entrepreneurs, entreprise que tu as rejointe en début d’année, je te propose, Philippine, qu’on revienne sur ton parcours plutôt atypique. Qui es-tu Philippine Dolbeau, toi dont le nom a pas mal circulé dans la presse il y a quelques années ?

Merci Claire ! J’ai eu la chance de croiser, en 2014, une enseignante qui a changé ma vie. Ma prof d’éco, Mme Nuttens, qui nous a proposé, en classe de Seconde, de créer notre mini-entreprise pour apprendre les principes fondamentaux de l’économie. J’ai de suite adoré le concept de ces cours, l’idée que nous avions carte blanche pour lancer le projet qui nous plaisait, laissant ainsi libre cours à notre imagination. J’ai alors eu l’idée de créer le premier cahier d’appel digital, disponible sur les smartphones des enseignants. Ça parait has been aujourd’hui mais à l’époque, c’était une première en France ! Quelques mois plus tard, les attentats de Paris viennent bouleverser nos quotidiens et la sécurité des enfants dans les écoles est remise en cause. J’adapte ainsi mon idée pour contribuer à la gestion des situations de crise dans les établissements scolaires. Très vite, cette idée nommée NewSchool a été très médiatisée. J’ai enchaîné sans vraiment m’en rendre compte les plus grands plateaux télévisés, j’ai donné des conférences dans le monde entier, j’ai développé ma petite entreprise tout en continuant mes études. Voilà pourquoi mon nom sera peut-être familier des lecteurs de ce blog 😉 

🎙 C’était quoi NewSchool et comment t’est venue l’idée de ce projet ?

Ma mère et ma grand-mère étaient enseignantes. L’éducation m’a toujours énormément intéressée, j’en ai d’ailleurs fait le sujet de mes études à Londres. J’ai souvent souhaité avoir un petit impact dans ce monde assez fermé et poussiéreux, où pourtant tant reste à faire pour accompagner les élèves vers la réussite, et rendre la vie des enseignants plus légère. J’ai eu l’idée initiale de NewSchool en découvrant un reportage sur l’histoire du petit Charles, 9 ans, qui est resté enfermé dans son bus scolaire pendant une journée entière. Personne ne s’était rendu compte de son absence à l’école car ses enseignants n’avaient pas fait l’appel en classe, faute de temps, la tâche d’appel étant chronophage et empiétant sur le temps déjà restreint de cours. Suite à ce constat, j’ai eu l’idée de digitaliser le traditionnel cahier d’appel en papier pour que des histoires comme celle de Charles ne se reproduisent plus. Rapidement, NewSchool est devenu un outil de renforcement de la sécurité des enfants dans les écoles, ainsi qu’un outil tout en un pour la gestion de la vie scolaire des élèves – notre porte clé connecté leur permettait de payer en cantine et cafétéria, d’emprunter des livres à la bibliothèque du collège, d’entrer et de sortir de l’établissement, etc. 

C’était une formidable aventure humaine. 

🎙 À quel moment est-ce que tu as réalisé que tu avais fait une vraie pépite avec NewSchool ?

Je reste convaincue que NewSchool n’est pas une pépite ! Je suis juste arrivée au bon moment avec une bonne idée qui répondait à un vrai besoin. C’est quand j’ai vu toute la médiatisation autour de mon projet que j’ai commencé à me rendre compte que le sujet me dépassait, que j’étais propulsée en tant que “role model” de ma génération, représentant certainement une sorte d’ovni à l’époque : une jeune femme, en filière littéraire, qui monte sa boîte dans la tech. La machine médiatique s’est emballée et j’ai suivi le cours des choses. 

🎙 Comment on fait quand on n’a que 15 ans pour gérer un succès aussi rapide et retentissant ? Et comment, sans avoir jamais fait de communication, on se retrouve à faire toutes les matinales et unes des grands médias français ? C’est quoi ta plus grande fierté d’ailleurs ? Avec du recul, qu’est ce qui selon toi explique un tel engouement pour NewSchool ?

Quand j’étais petite, sur chacun de mes bulletins scolaires était marqué “Philippine est une élève maladivement timide”. Pour vous dire à quel point cette médiatisation a d’abord été subie, je n’ai jamais été à l’aise lors de mes débuts sur les plateaux ! Les caméras m’effrayaient, je craignais de perdre mes mots, d’être incomprise, de faire une attaque cardiaque de stress avant de monter sur scène…!  Le temps et l’habitude ont fait leur travail et je me suis petit à petit trouvé une vraie passion pour la communication, les médias, ce qui m’a ouvert les portes du métier de conférencière, d’animatrice, et désormais de directrice de la communication du cabinet INSKIP. Pour autant, il n’a pas été facile du tout de vivre cette aventure (et cette médiatisation) en pleine adolescence.  Le choc a été très violent : j’ai perdu un grand nombre des amis que j’avais à l’époque pour retrouver ceux de mon enfance, j’ai subi moqueries et harcèlement en ligne, au lycée, j’ai reçu des menaces de mort, des lettres d’intimidation, les journalistes campaient devant mon lycée ou devant chez moi pour obtenir des commentaires sur tel ou tel sujet… Bref, cette période qui brille à l’extérieur n’a pas été simple à vivre de l’intérieur. Concernant l’engouement pour NewSchool que j’ai toujours eu du mal à comprendre, si je prends un peu de recul, je crois finalement que c’est le fait qu’une jeune femme en filière littéraire, qui monte une boite dans la tech et dans l’éducation, et qui vient répondre à un vrai besoin, qui a attiré l’attention des médias à l’époque car c’était différent, nouveau, inspirant, et intriguant à la fois. C’est un peu plus la mode aujourd’hui, l’entrepreneuriat chez les jeunes. À l’époque, j’étais la première. 

🎙 4 ans seulement après son lancement, NewSchool est rachetée par Klassroom. Quel impact direct ça a pour toi ? Pas trop dur d’abandonner son bébé comme ça ?

Difficile ! Klassroom est venu me chercher un an plus tôt, et j’avais alors décliné leur première proposition, pas encore prête à lâcher “mon bébé” et travaillant sur de nouveaux développements. 2019 a marqué un tournant pour moi (l’année suivante), j’arrivais à la fin de mes études, je travaillais sur NewSchool depuis près de 5 ans, NewSchool et moi-même avions besoin d’un nouveau souffle. Le timing était enfin bon et j’ai fini par céder !

🎙 En 2020, changement de cap pour toi puisque tu te retrouves… attachée de presse et chargée de communication du Président Macron. Pas classique non plus ça. Comment en es-tu arrivée là ?

Ça… je ne peux pas vous en dire plus 😉 

🎙 Une anecdote en particulier à partager sur ces deux années passées au service de la communication et de l’image de Macron ? Tu en retiens quoi ?

J’ai découvert lors de mon passage à l’Elysée un homme d’État, et, quoi que nous pensions individuellement de l’homme politique, j’ai fait la connaissance d’un homme surprenant, talentueux et bienveillant. J’ai eu la chance d’officier sur ses sujets presse et communication en plein confinement, d’organiser ses déplacements, ses allocutions aux côtés de mes collègues et j’ai énormément appris. J’ai découvert un milieu qui m’a toujours beaucoup intéressée mais que je n’avais approché que de loin jusqu’alors – la politique – et de nouveaux modèles de communication, passionnants. L’aventure a été belle et très enrichissante. J’en retiens une expérience d’humilité, de travail acharné, et des rencontres comme des instants qui me marqueront encore longtemps. 

🎙 Lorsqu’on a échangé pour préparer cette interview, tu m’as dit avoir été également sherpa du G20 des entrepreneurs. Décidément, tu ne t’arrêtes pas. Tu nous en dis plus sur cette nouvelle casquette ?

En effet, je l’ai été en 2021 aux côtés de Maxime Guillaud, mon co-sherpa, CEO d’INSKIP. C’est là que nous nous sommes rencontrés. J’avais participé au G20 des entrepreneurs en tant que membre et porte-parole de la délégation française en 2016, en Chine, sous François Hollande. En 2021, on m’a fait l’honneur de me nommer Sherpa de cette délégation d’entrepreneurs venus de la France entière, aux parcours très variés, dirigeants d’entreprises de toutes tailles et de tous secteurs et dont le gouvernement français attend des propositions à la fin du sommet du G20 sur les sujets économiques et sociaux pour faire avancer de nombreux sujets sociétaux. Pour la première fois depuis la création du sommet, nous avons conduit une délégation paritaire HF – et c’est une grande fierté ! 

🎙 Janvier 2023, tu rejoins finalement Inskip pour gérer tout le volet communication et partenariat, c’est bien cela. Tu nous présentes Inskip ? C’est quoi la mission d’Inskip ? Et qui sont vos principaux clients aujourd’hui ?

Créée en 2016, INSKIP Entrepreneurs est une entreprise experte en stratégie d’innovation et entrepreneuriat. Les personnalités d’INSKIP, qui ont toutes connu le parcours d’entrepreneur, accompagnent les entreprises et les industriels sur des projets de croissance et d’innovation : levées de fonds et financement de projets, développement de nouvelles activités, conduite de la transformation et création et structuration d’incubateurs internes, à l’image de Leonard, plateforme d’innovation et prospective du groupe VINCI. Mes collègues œuvrent également aux côtés d’institutions françaises et étrangères sur des projets de construction et de développement d’écosystèmes entrepreneuriaux, et sont notamment intervenus sur la création de 212 FOUNDERS, premier incubateur Marocain, qui attire aujourd’hui les investisseurs du monde entier.  

🎙 Quels sont tes principaux challenges dans ton nouveau poste ? Tes principales missions ?

INSKIP a fait le choix, à son démarrage, de se concentrer sur les missions menées auprès de nos clients sans communiquer au sujet de nos expertises et des missions réalisées. C’est un choix assumé : opérer en toute discrétion pour nos partenaires et nous concentrer sur nos expertises au démarrage du cabinet, en 2017. Quelques années plus tard, INSKIP Entrepreneurs a atteint une taille plus importante et collabore avec de plus en plus d’acteurs de l’écosystème entrepreneurial, en France et à l’international. Nous avons, dans le cadre de cette belle croissance, décidé de mettre en avant la différence qui est la nôtre et qui fait notre ADN : des profils entrepreneurs, experts de leur domaine, qui accompagnent startups, institutions et grands groupes dans leur transformation et création de véhicules d’innovation. Ma mission est donc d’accompagner ce changement et de faire connaître INSKIP auprès de nouveaux acteurs, de faire parler ces acteurs entre eux – c’est ma partie “Head of Ecosystems” – dans le but de créer des emplois et favoriser la création d’entreprises, l’esprit d’innovation et la collaboration entre startups et grands groupes, partout où nous opérons. 

🎙 Dernière question : tu te verrais aujourd’hui rebasculer dans l’entrepreneuriat et relancer une nouvelle startup ou ça y est, tu as assez donné ?

Tu as vu juste ! C’est en effet dans les cartons 😉 Je crois que, quand on a été piqué par le virus de l’entrepreneuriat, il n’y a pas de remède, et je dois dire que l’envie me démange un peu !