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[Special Guest #14] Isabelle Rabier (Jolimoi)

Actualités de Startup Palace

On vous présente, si vous ne la connaissez pas encore, Isabelle Rabier, fondatrice de Jolimoi.

✍🏻Propos recueillis par Claire CAMINATI FARBER, Responsable Communication de Startup Palace

Très ravie de dépoussiérer aujourd’hui cette rubrique Special Guest. 🧹 La dernière (que je vous invite évidemment à découvrir si pas déjà fait) remonte à novembre (lire ICI le portrait de Benjamin Wattinne de Sowefund). C’est maintenant le portrait d’une femme (et quelle femme !) que je vous propose de découvrir. Isabelle Rabier, fondatrice de Jolimoi a d’ailleurs pris la parole aux côtés d’Aurore Abecassis d’Acmé Paris, lors d’une des dernières éditions de nos fameux Café Croissants. C’est parti pour son interview !


🦸🏻‍♀️Hello Isabelle, tu nous en dis plus sur ton parcours ?

Je suis bordelaise d’origine mais j’ai beaucoup voyagé très tôt et ça a développé chez moi une ouverture d’esprit et l’art de bousculer les codes.

Je suis partie en Australie à l’adolescence, j’ai étudié à Melbourne entre la 2nde et la Terminale où j’ai passé un Baccalauréat international.

J’ai autofinancé ensuite, à 18 ans un road trip de plusieurs mois entre l’Asie, l’Europe et les Etats-Unis.

A mon retour en 2002, je me suis orientée vers des études en sciences économiques en Angleterre à Londres, et j’ai obtenu le BA in Economics du University College London. 

Puis je suis rentrée en France et j’ai complété cette formation par une maîtrise d’économie. 

Enfin, j’ai passé le concours pour intégrer HEC et j’y ai effectué 3 années d’études autour de l’économie et l’entrepreneuriat, dont une année de césure en entreprise, entre BNP PARIBAS et SFR.

C’est lors de cette dernière année que j’ai monté ma première société.

🦸🏻‍♀️ Pourquoi avoir créé Jolimoi ?

Entreprendre repose avant tout pour moi sur l’envie profonde d’améliorer les choses qui m’entourent, tout en assumant une grande envie de liberté. J’ai toujours préféré agir que d’être spectatrice, quitte à sortir du cadre pour créer ce qui n’existe pas. Après plusieurs stages en école de commerce lors de mes études, j’ai assez vite compris que pour faire ce qui me plaisait et m’intéressait, il allait falloir que je crée moi-même mon job.

J’ai ensuite profité de mon expérience dans ma première société pour créer Jolimoi, car je crois très fort au pouvoir de la recommandation pour vendre, sur Internet et dans la vraie vie.

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🦸🏻‍♀️ Et c’est quoi au juste Jolimoi ?

Jolimoi disrupte le commerce et le e-commerce grâce à la vente par recommandation qui est aujourd’hui le levier de vente le plus puissant, et que nous avons rendue accessible au plus grand nombre.

Jolimoi est la seule solution globale et innovante de vente par recommandation qui forme, anime, outille, et rémunère ceux qui souhaitent prescrire librement et simplement à leur entourage leurs produits coup de cœur parmi une sélection de marques “engagées”, par passion et pour augmenter leur pouvoir d’achat.

🦸🏻‍♀️ À qui s’adresse Jolimoi ?

Au plus grand nombre. Notre société permet aujourd’hui à plusieurs milliers de femmes et d’hommes d’accéder à l’emploi en indépendants, d’où ils veulent/quand ils veulent. Cela leur permet d’équilibrer travail et vie personnelle et de se faire un complément de revenus en étant accompagnés avec tout le support nécessaire : e-learning, certifications, outils tech, digitaux et data.

Les ambassadeurs Jolimoi (qu’on appelle des Stylistes Beauté) interviennent auprès de leurs communautés pour apporter leur éclairage et conseils beauté et in fine proposer des produits cosmétiques. Ils se placent ainsi au plus près des consommateurs et répondent vraiment à leurs interrogations et besoins du moment. Il ne s’agit plus de créer un besoin qui n’existe pas mais plutôt de trouver la solution parfaite à la préoccupation d’un client potentiel. Ce n’est plus une relation de vente mais de recommandation et de conseils. 

🦸🏻‍♀️ Où en êtes-vous aujourd’hui ? Combien de clients comptez-vous ?

Nos clients, ce sont tous ces indépendants qui conseillent et vendent à leurs communautés respectives les produits sélectionnés par Jolimoi. Aujourd’hui nous recensons une communauté de 8000 indépendants, passionnés de beauté, répartis partout en France, dans les grandes villes comme les campagnes, jeunes ou plus âgés, de tous les univers, c’est très inclusif, c’est notre fierté !

🦸🏻‍♀️ Je crois que tu as déjà fait plusieurs levées ? Tu as levé combien en tout et auprès de qui ? 

Après une première levée de fonds de 2,5M€ en 2019, notamment auprès de Pauline Duval (Directrice Générale du Groupe Duval), Jolimoi a levé 7M€ en avril 2022 auprès de Seventure Partners, ainsi que Thierry Petit (Impact Investor, Made-for-all.com, ex co-CEO de ShowroomPrivé), Roland Tripard (Président du directoire, @groupe IAD) et Nathalie Balla (Co-repreneur de La Redoute).

🦸🏻‍♀️ C’est quoi la principale difficulté pour un entrepreneur quand il doit lever des fonds ?

L’enjeu est de bien la préparer en amont et de l’encadrer dans un timing précis. Il s’agit ensuite de savoir créer rapidement une relation de confiance avec les potentiels investisseurs, notamment en étant en capacité de démontrer par des éléments concrets (chiffres, brevets, etc.) ce qu’on dit et créer le momentum pour faire la levée le plus rapidement possible. Trouver cette dynamique n’est pas toujours facile, d’autant qu’il faut maintenir la performance opérationnelle en parallèle, c’est un vrai challenge. 

Enfin, il faut trouver un lead investisseur sur lequel on peut s’appuyer pour closer le deal.

🦸🏻‍♀️ D’ailleurs, aujourd’hui on juge pas mal une boîte aux montants qu’elle a levés. T’en penses quoi toi ? Lever des fonds = signe de réussite ?

Ca dépend à quel stade tu fais cette levée de fonds : si c’est une levée de fonds quand la société a un certain âge on est sur des entreprises qui ont fait leurs preuves, alors qu’en Seed et en série A, avec des toutes jeunes startups, il s’agit de convaincre sur l’équipe et la vision. C’est donc une validation de ces deux éléments par les investisseurs mais en aucun cas un gage de réussite. Inversement, ce n’est pas parce qu’un investisseur refuse un projet, que ce dernier va échouer. Les VC ont d’ailleurs un terme pour cela : leur anti-portfolio. 

Si une levée de fonds ne peut en aucun cas garantir la réussite de l’entreprise, c’est une preuve de la capacité des fondateurs à convaincre.

Dans tous les cas, lever des fonds n’est pas un but en soi, le plus important est de savoir à quoi vont servir ces fonds pour créer de la valeur et développer du business. Si l’entrepreneur y arrive, c’est là qu’il a du succès. 

🦸🏻‍♀️ Qu’est ce qui a fait que tu as choisi un investisseur plutôt qu’un autre ?

On a toujours choisi nos investisseurs pour des valeurs partagées : ils partagent les valeurs et la vision de Jolimoi et aussi nous cherchions des investisseurs qui pouvaient nous apporter de la valeur stratégique au-delà de l’argent. On est très fiers également de compter des femmes d’envergure à notre capital comme Nathalie Balla et Pauline Duval. 

🦸🏻‍♀️ Comment on s’y prend en fait quand on est une jeune entrepreneure et qu’on doit aller convaincre des investisseurs du potentiel de sa boite ? Comment t’as fait pour ta première levée de fonds ?

La 1ère levée de fonds c’est comme une démarche commerciale, il faut générer suffisamment de contacts, il faut réfléchir à suffisamment de personnes à contacter, et surtout, à chaque fois qu’on repart d’un rendez-vous, même si la personne n’investit pas, il faut toujours lui demander des contacts à aller voir de sa part. Ça permet de se créer un portefeuille de contacts.

Ne pas hésiter aussi à demander à des entrepreneurs de son cercle de nous présenter leurs contacts. J’ai eu la chance d’avoir des entrepreneurs que je ne connaissais pas tant que cela qui m’ont vraiment ouvert des portes par pure solidarité entrepreneuriale. Ça compte. 

Je dirais, qu’aujourd’hui on a la chance en France d’avoir un écosystème qui s’est énormément développé en 10 ans. Il existe aujourd’hui de nombreux classements des meilleurs BA, qu’il ne faut pas hésiter à contacter en direct ou encore mieux trouver un contact commun pour faire les présentations. 

🦸🏻‍♀️ Combien êtes-vous dans l’équipe ? Recrutez-vous ? Si oui quels profils ?

On est 60 salariés aujourd’hui dans l’équipe. On recrute une trentaine de personnes sur 2023 et plein de profils marketing, tech data, communication…

🦸🏻‍♀️C’est quoi ton plus gros challenge aujourd’hui avec Jolimoi ?

C’est de passer à la phase suivante : continuer à faire de la croissance à trois chiffres tout en recrutant les bons talents et en structurant l’entreprise, c’est un challenge humain aussi.

C’est une phase que je trouve personnellement passionnante et enthousiasmante. 

🦸🏻‍♀️ Quel est le meilleur conseil que tu aies reçu dans ta carrière ?

C’est important d’avoir une vision moyen long terme mais le plus important c’est de se fixer des objectifs step by step au sein de l’objectif pour se voir progresser, et mettre en place un plan d’action.

🦸🏻‍♀️ Je crois que tu n’en es pas à ta première boîte avec Jolimoi. Tu nous en dis plus ?

Effectivement, j’avais lancé une première société avant Jolimoi, Dermance, lors de ma dernière année à HEC en 2009, que j’avais cofondée avec Grégory Crossley. Il s’agissait de ma propre marque de produits de beauté anti-âge pour les femmes de plus de 40 ans. Des produits de soin scientifiquement développés par Dermance, et vendus en direct chez les clientes par des conseillères beauté indépendantes, de façon bienveillante et sans fausses promesses.

J’ai beaucoup appris de cette expérience d’un point de vue humain mais aussi professionnel en devenant experte en cosmétiques et en social selling. 

Pendant 5 ans j’ai affiné ce modèle. Et puis mon associé a quitté Dermance pour un autre projet et j’ai continué seule aux commandes. J’ai réussi une levée de fonds seule, mais j’ai finalement fermé cette société avec en tête un nouveau projet, Jolimoi ! L’intuition du modèle de ventes de Jolimoi est née de l’écoute de mes clients, de mes ambassadeurs, et du marché. 

Je tiens à préciser que j’ai été suffisamment persuasive pour convaincre mes actionnaires de repartir de zéro avec moi dans cette nouvelle aventure, dans laquelle je tirais parti de mon expérience passée.

🦸🏻‍♀️ Je sais que c’est un non sujet pour toi mais je tente quand même : Femme entrepreneur et femme entrepreneur dans la tech : est-ce que le fait d’être une femme t’a bloqué d’une manière ou d’une autre quand tu t’es lancée dans l’entrepreneuriat ? Une anecdote en particulier à partager à ce propos ?

Femmes dans la tech : je n’ai pas eu de freins au lancement en fait. Les freins sont d’un autre ordre aujourd’hui. Le principal frein je dirais reste l’accès au financement pour les entreprises créées par des équipes 100% féminines – seulement 2% des fonds VC dans le monde. C’est choquant. Le gros des financements vont aux équipes 100% masculines. Il faut faire évoluer ce ratio et c’est pour cela que je suis engagée dans le collectif SISTA depuis le premier jour en tant qu’ambassadrice. 

Aujourd’hui les études démontrent que les entreprises gérées par des femmes sont plus saines et rentables. Je ne peux m’empêcher de penser que cela est aussi une conséquence de la conscientisation par les femmes que les financements restent plus difficiles à obtenir pour elles. Je le vois comme une conséquence aux contraintes externes, les femmes sont obligées d’être plus performantes, de démontrer leurs chiffres, vraiment.

🦸🏻‍♀️ Aussi, vous êtes une équipe 100% féminine aujourd’hui non. Un choix ou le hasard ?

Non, dans la tech on ne choisit pas de ne travailler qu’avec des femmes quand on connait les chiffres que je viens d’évoquer plus haut, mais il se trouve que les personnes que j’ai trouvées et qui correspondaient le mieux aux profils que je cherchais étaient des femmes, extrêmement compétentes. Mais ce n’était pas un choix. Par ailleurs, j’ai toujours été une partisane des équipes mixtes (j’avais un associé homme dans ma première boîte) à tous les niveaux de l’entreprise et c’est un sujet sur lequel je travaille au sein de mon organisation. 


🦸🏻‍♀️ Est-ce que tu penses que ça vous bloque le fait qu’il n’y ait pas d’homme ? Les études montrent par exemple que les femmes galèrent quand même plus que les hommes à lever des fonds…

Oui comme je le disais juste avant c’est au moment de lever des fonds qu’on voit les blocages et les a priori quand on est une entreprise avec 4 femmes co-fondatrices dans la tech…

🦸🏻‍♀️ Passons aux questions plus perso : quel est ton livre de chevet du moment ?

Je lis toujours 2 ou 3 livres en parallèle, en français et en anglais. En ce moment un essai, une bio et un roman :

  • Olympe de Gouge : “déclaration des droits de la femme et de la citoyenne”
  • Patty Smith : “Just kids” L’adolescence dans les années 70 de Patty Smith et Robert Mapplethorpe, le NY des années 70 et la culture de l’époque.
  • Régis Medina : “Réussir en équipes: De zéro à un milliard : comment coconstruire la croissance avec les équipes et les clients”

🦸🏻‍♀️ Ton dernier post LinkedIn ?

Sur She’s Mercedes, ICI.

🦸🏻‍♀️ Une appli à laquelle tu es complètement accro ?

Airbnb (côté locataire).

🦸🏻‍♀️ Une astuce de productivité à partager ?

Mon meilleur conseil pour les autres : pour éviter de procrastiner : la règle du 80-20 : ne pas attendre de considérer que ton produit ou ton service est parfait pour le lancer, mais le lancer dès que tu penses qu’il est prêt à 80% pour récupérer le plus vite possible les retours des utilisateurs. C’est le mode test and learn, l’itération.

🦸🏻‍♀️ Enfin, quel est selon toi le prochain entrepreneur qui devrait avoir son portrait Special Guest sur le blog de Startup Palace ?

Fanny Asselin, cofondatrice de BARAK

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