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Masterclass #9 : Uber vu de l’intérieur

Actualités de Startup Palace

Le 16 novembre dernier, dans le cadre de la Startup Assembly à Nantes, Startup Palace à ouvert ses portes au public pour une nouvelle Masterclass. L’occasion d’accueillir Raphaël Morel pour la découverte d’“Uber, vu de l’intérieur”.

En charge du développement des régions, Raphaël Morel est venu nous partager son regard sur Uber. À travers de nombreux chiffres et éléments d’histoire, il peint le portrait de cette grande startup et nous partage leurs intuitions pour le futur, leur organisation interne ainsi que leur vision sur le long terme.

Issu d’un parcours plutôt classique, Raphaël Morel rejoint Uber en juin 2014. Après un an et demi au service de la construction du réseau de chauffeurs partenaires, il prend les commandes du développement en régions en novembre 2015. En guise d’introduction à notre Masterclass, il nous propose un petit sondage à main levée (comme pour Airbnb, ça marche à tous les coups !), pour savoir qui utilise Uber et qui possède une voiture : les mains se lèvent dans presque toute la salle. Après ce constat, il nous partage rapidement “une super bonne nouvelle”, “dans quelques années, avoir une voiture sera aussi dépassé qu’utiliser le minitel pour surfer sur internet ou qu’aller au vidéo club pour louer un film”. Le ton est donné. Il poursuit, “Uber est un des composants qui va faire en sorte que posséder une voiture, ce sera bientôt le moyen âge”.

Pour remettre les choses dans leur contexte, il nous raconte les débuts d’Uber, une histoire d’entrepreneur fondée sur la réalité et sur des cas pratiques. Tout débute en décembre 2008, lorsque que Travis Kalanick et Garrett Camp se rendent à la conférence Le Web, à Paris. En plein mois de décembre et par -15° à Paris, ils cherchent un taxi pour rentrer à leur hôtel, mais peinent à en trouver un. Le lendemain, en se baladant Avenue Montaigne, ils voient des limousines vides postées à la sortie des hôtels et se disent “qu’hier ils avaient un besoin énorme et aujourd’hui ils voient l’offre, et cherchent comment faire pour matcher les 2”.

Ils rentrent à San Francisco et, avec des copains, inventent un système de sms entre des personnes qui ont des limousines vides et des personnes qui en ont besoin, qu’ils appelleront “Ubercab”. En pleine période d’émergence du smartphone, ils lèvent rapidement beaucoup d’argent et se développent à travers le monde. Ils se rendent compte que ce qui plaît aux gens ce n’est pas d’avoir une limousine, mais c’est l’application qu’ils ont créé.

Au fur et à mesure, ils comprennent que les gens n’utilisent pas le service pour se déplacer en limousine, ils veulent simplement se déplacer, de manière simple. Uber a donc baissé de plus en plus ses standards pour arriver au vrai besoin du client. En 2011, le service couvre 7 villes et 5 ans après en 2016, c’est plus de 500 villes dans au total 70 pays.

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La mission d’Uber, “c’est de rendre la mobilité aussi simple et accessible que l’eau courante et supprimer le véhicule individuel”. Au niveau organisationnel, il raconte que beaucoup de questions se sont posées. En passant de 0 à 10 000 employés en 6 ans, ils ont vécu une formidable croissance, mais être capable de la gérer est un enjeu essentiel. “Quand on est présent dans 70 pays dans le monde, il ne faut pas réinventer la roue”. Au départ, dans chaque ville où Uber s’installe, ils placent un general manager pour superviser l’équipe, un driver operation pour gérer les chauffeurs et une personne au marketing. En grossissant encore et encore, ils se retrouvent vite avec 5 managers, 5 chargés de marketing…

Ils décident alors de concentrer les expertises sur des sujets précis. À mesure que les expertises se créent, des pôles fonctionnels voient le jour : “Aujourd’hui nous avons par exemple 3 grands pôles fonctionnels à Paris qui couvrent toute la France”. Le rôle de ces pôles est de coordonner à l’échelle de toute la France et pas seulement d’une ville “Tout ce qui peut être remonté au niveau France est fait à Paris par une équipe nationale et même chose pour tout ce qui touche à l’Europe”.

Néanmoins, tout ce qui est local reste en local, “on a des bureaux dans les villes pour faire tout ce qui ne peut pas être délocalisé : rencontrer les chauffeurs de la ville, tisser le réseau avec l’écosystème local…”. L’idée c’est de rationaliser, car “on n’a pas vocation à avoir un nombre d’employés qui grossit aussi vite que notre activité, sinon il n’y a pas de scaling et donc pas de bénéfices”.

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Des 14 valeurs d’Uber, Raphaël Morel en tire 2 grandes :

  1. Celebrate cities “Notre boulot c’est de faire en sorte que les villes se développent mieux et que les gens se déplacent mieux.”
  2. Be an owner, not a renter “Chez Uber, on donne beaucoup de responsabilités aux gens. Chacun décide et se prend en main pour faire ce qu’il estime être le mieux, dans un cadre évidemment.”

Il nous raconte que depuis 6 ans tous les mardis à 18h, une tradition perdure. Travis Kalanick, qui est maintenant le CEO, organise une conf call avec tous les employés Uber dans le monde. Pendant environ une demie heure, il raconte ce qu’il s’est passé la semaine précédente, les grands projets en cours, puis il y a une session de Q&A où n’importe quel employé dans le monde peut lui poser une question. “Ça peut paraître tout bête, mais ça permet à chacun de se sentir hyper proche du CEO et d’être au courant de tout ce qu’il se passe. Ça permet aussi à notre structure de rester hyper plate : entre l’employé lambda et le CEO il doit y avoir 5 ou 6 échelons.”

Notre intervenant du jour nous explique ensuite qu’en règle générale, Uber ne partage pas le sujet des KPIs avec l’extérieur. Alors que les datas, les chiffres et leur suivi prennent une place très importante dans l’entreprise. Il explique qu’ils suivent entre 30 et 50 metrics par semaine pour mesurer l’impact de leurs actions.

Tous les lundis matin, il indique personnellement regarder plus de 40 indicateurs pour les 8 villes qu’il gère. “On est obsessed par les chiffres chez Uber et chacun est hyper owner de ses KPI pour continuer le cercle vertueux. C’est un boulot très excitant, beaucoup d’outils sont à disposition des gens, on s’investit beaucoup et on a une culture des chiffres très impressionnante.”

La vision d’Uber peut se résumer en 3 grands points :

  • Simplifier la mobilité
  • Créer de l’emploi
  • Créer des smart cities

L’objectif d’Uber est ambitieux, de la même façon qu’on tourne un robinet pour avoir de l’eau, ils voudraient qu’un jour appuyer sur un bouton suffise pour faire apparaître un chauffeur, “à Paris en moyenne le véhicule arrive en 2 minutes et 15 secondes. À Nantes, c’est plutôt 5 minutes. Plus on grossit, plus on est efficient, plus le temps d’attente diminue et plus l’offre peut être la plus abordable possible”. Il espère qu’un jour Uber pourra être moins cher que le bus ou le tramway, car la solution est censée être accessible et donner accès facilement à la mobilité.

Il ajoute qu’un trajet sur trois n’aurait pas eu lieu sans Uber. C’est à dire que si la solution de VTC n’avait pas été là, la personne ne se serait pas déplacée, cela permet donc la mobilité additionnelle. En tout, c’est 6 personnes sur 10 qui ont changé leurs habitudes avec Uber. “Ce n’est pas notre vocation première de faire du social mais il s’avère qu’on permet à des gens de pouvoir se déplacer, qui ne le feraient pas sans nous.”

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Selon une loi sur les VTC sortie en 2014 par un parlementaire, en France il y a le potentiel pour créer 70 000 emplois dans le secteur. C’est à dire que pour avoir le même ratio de chauffeurs par habitant que dans des villes comme Londres ou New York, il faudrait créer 70 000 emplois de chauffeurs. “On se dit qu’on a une vocation pour améliorer la mobilité mais aussi pour créer de l’emploi”. Il nous explique qu’Uber change tout le paradigme de comment obtenir une opportunité économique, car ce n’est plus l’employeur qui décide, c’est le client. “On arrive avec une solution très différente des autres, on ne demande pas de CV, pas de lettre de motiv, on demande juste à ce que nos chauffeurs partenaires aient des autorisations administratives pour faire ce métier”. Beaucoup de leurs chauffeurs ont du mal à accéder à l’emploi et c’est donc une bonne occasion de se réinsérer dans la vie active.

Raphaël Morel aborde ensuite la question du futur et des perspectives pour l’avenir.

“On a changé un peu la face des villes mais il y a encore plein de choses à faire”. Le constat est qu’il y a actuellement 1 milliard de véhicules sur la planète, utilisés 4% du temps qui occupent 15% de l’espace public. C’est donc un actif qui n’est pas très bien utilisé, mais comment améliorer les choses ? Bien évidemment, il nous partage qu’Uber n’est pas la seule solution et celle qui va tout changer. Leur action leur permet plutôt de prendre part à l’écosystème avec les transports publics, les taxis, les loueurs de véhicules, Blablacar et autres solutions collaboratives. Il explique qu’en France, un véhicule de particulier est rempli par 1,4 passager et fait un peu moins de 3 courses par jour.

Avec un véhicule Uber évidemment c’est beaucoup plus, ils transportent 6 fois plus de personnes avec un seul actif. En prenant l’exemple de San Francisco, on peut trouver des ratios encore plus intéressants, comme par exemple l’utilisation d’Uberpool qui représente là-bas 60% des courses. Ce service propose de partager son véhicule avec d’autres passagers allant vers la même direction et ainsi de réduire les frais et de devenir très compétitif avec les prix des transports en commun.

D’après une étude, il pourrait y avoir 90% de véhicules en moins dans les villes, cela permettrait de supprimer les embouteillages, rendre la ville aux gens, avoir plus de rues piétonnes et de commerces pignon sur rue. “Il ne faut pas dire que c’est un doux rêve et que ça n’arrivera pas. Dans 10 ans on saura exactement combien de temps on met pour aller d’un point A à un point B. On saura exactement combien on paye, tout sera simple et accessible. Chez Uber nous avons la chance d’être à l’intérieur et au coeur de tout ça, donc on peut vous le raconter”. Moins de véhicules implique aussi moins d’émissions polluantes. Même si à la base Uber n’est pas une entreprise qui s’est donnée pour mission de moins polluer, “c’est le cas aujourd’hui et on va tout faire pour que les véhicules qui restent consomment moins”.

À terme, parmi les grands projets pour l’avenir se trouve également la voiture autonome, “ce qui est compliqué ce n’est pas la technologie, c’est plutôt d’avoir les autorisations auprès des autorités pour pouvoir faire rouler les modèles”. Le head product d’Uber a même récemment déclaré dans un magazine américain, penser à l’étape d’après. Il a émis l’idée de créer un grand réseau d’aéronefs à décollage vertical permettant aux citadins de se déplacer d’une autre manière et ainsi investir le ciel. Si pour l’instant ce genre d’idées s’apparente plutôt à des scénarios de science fiction, tout droit sortie de l’imagination de Luc Besson, notre intervenant cherche à nous convaincre “repensez encore au vidéo club et au minitel, ça nous paraît la préhistoire. Et pourtant peut être que dans 10 ou 20 ans on dira la même chose pour la voiture. La question ce n’est plus est-ce que ça va arriver, mais juste de savoir quand ça va arriver.”

Il conclut, “c’est aussi ça que je voulais vous témoigner aujourd’hui c’est que j’ai la chance d’être au coeur d’une boite qui va extrêmement vite et où on a un impact sur le monde. En 5 ans, 2 milliards de courses ont été faites avec Uber. Les choses vont très vite, on peut changer le monde en changeant la façon de vivre des gens. Il ne faut jamais se mettre de barrière et se dire que ça ne va jamais arriver”.

Nous tenons à remercier Raphaël Morel pour sa présence et son retour d’expérience très riche. 🙌🏻

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