epsor

[FUNDRAISING STORIES] Épisode 1 : Epsor

Actualités de nos alumnis

Les levées de fonds se suivent mais ne se ressemblent pas. Si les conseils et retours d’expériences sur la manière de lever des fonds prolifèrent, il n’en va pas de même pour ce qui attend les startups post-levée de fonds. Nous avons donc interrogé plusieurs entrepreneurs pour leur demander comment ils s’y sont pris, quels ont été les impacts de leur levée de fonds et quels enseignements ils en retirent. Pour ce premier témoignage nous avons interrogé Julien Niquet, co-fondateur et CEO d’Epsor.

EPSOR

Montant levé : 1,3 million d’euros

Epsor développe un service permettant aux PME de bénéficier d’une épargne salariale adaptée à leur situation. Nous les avons accompagnés pendant la 4ème saison du pré-accélérateur Opération Renard porté par Angers Technopole. Entretien avec Julien Niquet, co-fondateur et CEO d’Epsor.

👉🏻 Combien de temps t’a pris la levée de fonds ?

Elle s’est faite en deux temps. Premièrement, de mars à juin 2018. On a sondé le marché et on s’est rendus compte que ce n’était pas le bon moment parce que le produit n’était pas encore sorti. Le sujet a été relancé début septembre et nous avons finalisé la levée de fonds deux mois plus tard. Entre les deux périodes, c’est la BPI qui nous a accompagné pour nous aider à financer l’intervalle.

👉🏻 C’est un laps de temps assez court entre juin et septembre. Qu’est-ce qui a changé entre temps ?

On évolue sur un marché assez technique. On répondait à certains critères pour les investisseurs mais on n’avait pas la preuve que le produit répondait bien au besoin client. En fintech on ne fait pas de MVP, notamment quand on évolue sur le secteur des transactions financières. En septembre nous avions le produit avec des premiers clients et le discours théorique était appuyé par des retours d’expériences pratiques.

👉🏻 Auprès de qui avez-vous levé ?

Auprès de Partech, un fond de capital d’investissement très actif en fintech qui a investi dans des structures comme Compte Nickel ou Alan, et auprès de business angel expérimentés ou non. On voulait avoir un board orienté “smart money” avec des investisseurs qui apportent de l’argent mais aussi des aides opérationnelles.

👉🏻 À quoi vous sert cette levée de fonds ?

Deux choses principalement. Premièrement renforcer l’équipe technique pour aller plus vite dans le développement de la solution. Deuxièmement, financer le développement commercial. En 6 mois après la levée de fonds nous sommes passés d’une équipe de 8 personnes (dont la moitié de stagiaires) à une équipe de 21 personnes.

👉🏻 Comment fait-on pour gérer une équipe qui triple d’effectif en si peu de temps ? Est-ce que cela a entraîné des modifications notamment en termes de management ?

Le passage de 8 à 21 nécessite de prendre du temps (qu’on n’a pas) pour rapidement structurer l’entreprise afin d’accueillir les nouvelles recrues dans les meilleures conditions. Il est indispensable de formaliser l’existant pour partager la connaissance et faciliter l’arrivée des nouveaux arrivants.

Nous avons mis en place un cycle de formation dans la boîte pour les nouveaux collaborateurs, avec un rapport d’étonnement obligatoire à 1 semaine et 1 mois pour prendre la température sur l’intégration dans l’entreprise. Nous avons conservé un point d’équipe hebdomadaire mais c’est sûr que les interactions se sont polarisées rapidement entre les différentes équipes. L’enjeu est de créer un esprit collectif fort, tourné vers la croissance. Benjamin et moi avions de l’expérience dans la gestion d’équipe, néanmoins une telle croissance d’effectif sur des thématiques très différentes n’est pas un exercice facile pour être honnête. Il faut recruter, structurer la société tout en continuant à développer le fond de commerce et répondre aux attentes des clients. Tel un couteau suisse, il faut être sur tous les sujets en même temps.

👉🏻 Comment as-tu géré la communication autour de cette levée de fonds ? En interne comme en externe ?

On a fait un communiqué de presse qu’on a envoyé de manière synchrone avec Partech pour donner du poids et de la portée à la nouvelle. On n’avait pas encore la notoriété nécessaire pour intéresser un journaliste qui reçoit des centaines de communiqués par jour.

On a complété par une communication classique sur les les réseaux sociaux.

Pour l’interne, c’est un sujet qui était évoqué régulièrement avec les équipes avant et pendant la levée de fonds.

👉🏻  Qu’est-ce que ça a concrètement changé pour vous ? En termes d’organisation, de business etc. ?

Déjà, après une levée de fonds, les BSPCE (Bons de Souscription de Parts de Créateur d’Entreprise) ne sont plus tout à fait les mêmes !

Plus sérieusement, je compare ça à une mue chez Epsor. On change complètement d’échelle. C’était beaucoup de temps à investir et on a dû faire un gros effort de structuration notamment sur le recrutement et l’onboarding. On a aussi mis les bouchées doubles pour aller chercher des clients et du business.

Concrètement, nous avons aujourd’hui un board dans lequel nous restons largement majoritaire. En termes de répartition des investisseurs au capital d’Epsor il y a Partech, une douzaine de business angels et quinze salariés. Nous restons donc maîtres de nos choix et de nos orientations, ce board n’est pas vécu comme une contrainte supplémentaire.

👉🏻 Avec le recul, qu’est-ce que tu aurais fait différemment si tu devais recommencer aujourd’hui ? Qu’est-ce que tu aurais plus anticipé ?

Pas grand chose de plus, si ce n’est diminuer la phase de sondage pour aller plus vite, être moins frileux sur les investissements à réaliser pour la levée de fonds et surtout attendre le bon moment. On aurait moins gaspillé de temps si on avait attendu que le produit soit sorti et des premiers clients.

👉🏻 Quels enseignements tu retires de cette expérience ?

Il est difficile de lever des fonds, les investisseurs sont très sélectifs, ils doivent avoir une vision alignée sur la tienne et ils doivent être prêts à s’investir dans le projet. Il faut aussi accepter le fait que ça prenne du temps, surtout quand c’est ta première aventure entrepreneuriale. Les levées de fonds doivent t’aider à grandir dans un environnement favorable. Cela ne sert donc à rien de se presser si c’est pour sacrifier ta liberté. Avec Epsor on a un certain formalisme à respecter depuis la levée de fonds mais on ne subit pas d’ingérence.

Il faut aussi voir grand et ne surtout pas perdre son temps localement. Nous ne sommes pas restés à Angers pour aller lever des fonds, nous sommes directement allés là où sont les fonds. La principale ressource c’est le temps, il faut s’assurer qu’on l’alloue sur les bonnes choses. S’il n’y a pas de “fit” avec un fond d’investissement, il faut laisser tomber rapidement.

La pire chose qu’il puisse arriver à un entrepreneur c’est une valorisation trop basse avec une perte d’autonomie trop grande. Il n’y a rien de mieux pour démotiver. C’est pour ça qu’on a préféré aller voir des fonds expérimentés et qui se sont alignés sur nos enjeux et notre vision.

Rendez-vous la semaine prochaine pour l’épisode #2 !

Discutons-en ! Discutons-en ! Discutons-en !